L’importance du prompt engineering pour les formateurs
Au cœur de la révolution IA se trouve le « prompt engineering », l’art de communiquer avec l’IA de manière précise et efficace. Ce document explore l’importance cruciale de cette compétence pour les formateurs, en détaillant ce qu’est un prompt, pourquoi sa maîtrise est essentielle et comment elle peut transformer concrètement leur quotidien professionnel.
Pourquoi s’intéresser au prompt engineering ?
Un nouveau langage à maîtriser pour collaborer efficacement avec l’IA.
Le monde de la formation est en pleine mutation sous l’effet de l’intelligence artificielle (IA). Les formateurs sont aujourd’hui confrontés à des défis sans précédent : on leur demande de former « dix fois plus, avec dix fois moins de budget », ce qui nourrit chez eux la peur d’être remplacés par les robots. Plutôt que de voir l’IA comme une menace, il est temps de la considérer comme un allié précieux. Pour cela, il faut apprendre à bien communiquer avec ces IA – en d’autres termes, maîtriser un nouveau langage, celui des prompts.
Le prompt engineering (ou ingénierie des prompts) désigne justement l’art de formuler des instructions claires et efficaces à l’IA afin d’obtenir des réponses pertinentes. Certains vont jusqu’à affirmer qu’il s’agit de la compétence la plus importante à acquérir aujourd’hui, car savoir “bien parler” à l’IA décuple la productivité. Autrement dit, vous ne serez pas remplacé par l’IA, mais par un collègue qui la maîtrise mieux que vous. À l’instar de l’arrivée d’Internet ou des smartphones, un nouveau langage numérique émerge : celui du dialogue homme-machine. Les professionnels de la formation ont donc tout intérêt à l’apprendre pour collaborer efficacement avec l’IA.
Une opportunité pour réinventer les pratiques pédagogiques.
Au-delà du langage technique, le prompt engineering offre surtout une chance de réimaginer le métier de formateur. Savoir piloter une IA permet de déléguer à la machine de nombreuses tâches chronophages ou répétitives, et de se concentrer sur ce qui fait la valeur ajoutée humaine : la pédagogie, la créativité, l’accompagnement personnalisé. Il ne s’agit pas de déshumaniser la formation, bien au contraire. On constate déjà que des tâches comme la création de quiz ou la correction de tests, habituellement fastidieuses, peuvent être automatisées grâce à l’IA, libérant ainsi du temps pour concevoir des parcours d’apprentissage plus engageants. « Nous nous sommes juste augmentés en productivité et créativité », témoigne ainsi un expert, expliquant qu’il se sent « bien plus créatif en utilisant des modèles d’IA pour la réflexion et la recherche » plutôt que menacé.
Le prompt engineering ouvre donc la voie à de nouvelles pratiques pédagogiques : formations adaptatives en temps réel, expériences d’apprentissage immersives, scénarios personnalisés à grande échelle, et bien d’autres innovations. C’est une occasion unique d’innover pour les formateurs qui sauront s’en saisir. S’intéresser au prompt engineering, c’est prendre part activement à la transformation de son métier, au lieu de la subir, et découvrir de nouveaux leviers pour améliorer la qualité des formations tout en gagnant en efficacité.
Définition simple et concrète du prompt.
Un prompt, c’est tout simplement une consigne que l’on donne à une intelligence artificielle pour qu’elle produise une réponse. Autrement dit, c’est l’instruction que vous tapez (ou dites) à un outil d’IA générative comme ChatGPT, Gemini, Le Chat ou d’autres outils similaires, afin de le guider. Par exemple, poser la question « Qu’est-ce que le blended learning ? » à Perplexity, c’est lui fournir un prompt. Techniquement, « on appelle “prompt” un ordre ou une instruction envoyée à une IA générative […] que l’IA va interpréter pour pouvoir y répondre ». Chaque fois que vous interagissez avec un chatbot ou un assistant virtuel, vous utilisez donc des prompts, qu’il s’agisse d’une question, d’une demande de résumé ou de la rédaction d’un texte. Le prompt est la base du dialogue avec l’IA : sans prompt, pas de réponse. La formulation de ce prompt est cruciale, car elle détermine la qualité de la réponse de l’IA.
Pourquoi la formulation change tout ?
En matière de prompts, la façon de poser la question change radicalement le résultat. Une instruction vague ou mal formulée donnera une réponse floue, voire hors sujet, alors qu’une consigne précise et contextualisée produira une réponse bien plus utile. Prenons quelques exemples concrets :
- Mauvais prompt : « Explique-moi le marketing. »
- Bon prompt : « Explique-moi les principales stratégies de marketing digital utilisées par les startups technologiques. »
- Mauvais prompt : « Écris un article de blog. »
- Bon prompt : « Écris un article de blog de 800 mots sur les avantages du télétravail, en incluant des statistiques récentes et des témoignages d’employés. »
Dans le premier cas, le prompt beaucoup trop général laisse l’IA libre d’interpréter la demande : la réponse sera probablement un survol très basique du marketing et, par conséquent, peu exploitable. Au contraire, en spécifiant les stratégies et le type d’entreprise, on oriente l’IA vers une réponse ciblée. De même, demander un article sans précision aboutira à un contenu générique, tandis que fournir un contexte détaillé donnera un article plus riche. Ces exemples illustrent que plus vous donnez le champ libre à la machine pour interpréter votre requête, plus sa réponse sera vague, voire fausse, alors qu’avec un bon prompt « une phrase bien construite peut suffire » à obtenir un résultat convaincant. La formulation change tout : un léger affinage peut transformer radicalement la qualité de la réponse.
Le prompt engineering : entre art et technique.
Concevoir un bon prompt relève à la fois d’une approche méthodique et d’une part de créativité. D’un côté, il y a des principes techniques à respecter – être clair, fournir du contexte, structurer sa demande – qui rappellent la rédaction d’un cahier des charges. En ce sens, un bon prompt n’est rien d’autre qu’un cahier des charges : plus les attendus seront clairement précis, contextualisés et structurés, plus le livrable aura de chances de répondre aux objectifs. Le formateur doit donc apprendre à spécifier ses attentes avec rigueur.
D’un autre côté, le prompting est souvent décrit comme un art nécessitant intuition, expérimentation et tâtonnement créatif. Il n’existe pas toujours une formule unique : il faut parfois essayer plusieurs formulations, affiner progressivement, ajouter un détail contextuel ou demander un format spécifique. C’est pourquoi on dit que le prompt engineering est à la fois un art et une science, car il mobilise un mélange unique de créativité, d’intuition et de compréhension technique. La science assure une base logique solide, tandis que l’art permet d’innover. Cette dualité rend la pratique exigeante et passionnante. Avec le temps et l’entraînement, on développe des techniques et des astuces, mais aussi une certaine intuition pour ce qui fonctionne bien. Écrire de bons prompts s’apparente à la conception d’une activité pédagogique : il y a des méthodes éprouvées, mais l’adaptation et la finesse sont essentielles.
L’IA est déjà utilisée dans la conception, l’animation et l’évaluation.
L’intelligence artificielle n’est plus de la science-fiction : elle est déjà présente à toutes les étapes du processus de formation. Que ce soit lors de la conception, de l’animation ou de l’évaluation, des outils d’IA générative sont expérimentés dans de nombreux contextes. Certains concepteurs utilisent ChatGPT pour créer des plans de cours ou des exercices. Un consultant en digital learning témoigne ainsi : « En tant que formateur, j’utilise principalement ChatGPT-4 (et ses plugins) pour concevoir, animer et évaluer mes formations ». Tout le cycle pédagogique est concerné.
L’IA peut générer du contenu, aider à l’animation via des chatbots ou des outils adaptatifs, et enrichir les supports visuels. Pour l’évaluation, elle génère des quiz, corrige des questionnaires et fournit des feedbacks détaillés. Plus de 18% des professionnels RH/formation l’utilisent pour individualiser les parcours, et 44% des apprenants y ont recours pour se former en 2024. Ces signaux montrent que l’IA est une réalité. Se former au prompt engineering devient donc indispensable pour piloter ces outils et ne pas être dépassé.
Maîtriser l’IA : Qualité, gain de temps et innovation pédagogique.
Les bénéfices de la maîtrise du prompt sont considérables. D’abord, la qualité : une IA bien guidée fournit des résultats pertinents et exacts, évitant les « hallucinations ». Ensuite, le gain de temps : l’automatisation de tâches (quiz, reformulation, recherche) libère des heures précieuses. Cette automatisation vous fait gagner du temps, sans pour autant proposer du contenu générique. Ce temps peut être réinvesti dans des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Enfin, l’innovation pédagogique : l’IA ouvre la porte à des pratiques nouvelles. Un formateur peut prototyper un jeu de rôle sur mesure en quelques minutes. Une formatrice utilise ChatGPT « pour construire des scénarios de jeux de rôles interactifs et personnalisés », améliorant l’engagement. L’IA permet aussi la personnalisation à grande échelle. Piloter l’IA, c’est se donner les moyens d’innover, d’augmenter l’impact de ses formations et d’être à la pointe.
Sans maîtrise du prompt, risque de contenus erronés ou inutilisables.
Ignorer le fonctionnement des prompts comporte des risques. Le premier : les erreurs factuelles. Une IA non cadrée peut inventer des informations. Le formateur pourrait intégrer ces erreurs dans ses cours. Le deuxième risque : des contenus inadaptés ou « inutilisables » pédagogiquement. Un prompt basique donne des résultats généraux, sans valeur ajoutée, ou dans un style inadéquat. L’IA peut aussi refléter des biais si le prompt ne les contrecarre pas.
Enfin, le gaspillage de temps : utiliser l’IA sans méthode peut être contre-productif. Ne pas maîtriser le prompt engineering, c’est prendre le risque de passer à côté du potentiel de l’IA, voire de commettre des erreurs. 63 % des Français sont réticents à se former, mais les experts alertent sur « le risque de se détourner de la technologie et de ne pas la maîtriser ». La maîtrise du prompt est la clé pour éviter que l’IA ne produise des résultats incohérents et pour l’utiliser de façon fiable et utile.
Passons à la pratique avec quelques exemples :
Générer des quiz, cas pratiques et supports de cours :
La création de contenus peut être accélérée. Un formateur peut demander à ChatGPT de générer un quiz à partir d’un cours. Par exemple, avec un prompt comme : « Agis en tant qu’ingénieur pédagogique. À partir du texte suivant [insérer texte], crée un quiz de 10 questions à choix multiples (4 options par question) pour évaluer la compréhension. Fournis les bonnes réponses et une brève explication pour chacune. » GPT-4 ou Gemini 2.5 peut proposer des questions, les choix, et le corrigé avec feedback.
On peut aussi générer un cas pratique sur mesure (« Propose-moi une étude de cas réaliste sur la gestion d’un projet informatique… ») ou des éléments de supports de cours (introduction, synthèse). Les IA visuelles créent des illustrations pour les diapositives. L’IA devient un assistant polyvalent, à condition de savoir bien formuler ses attentes.
Adapter un contenu à différents niveaux ou publics :
Le prompt engineering permet une personnalisation rapide. Il suffit de demander à l’IA de réécrire un texte pour une audience différente : « Réécris ce paragraphe dans un langage simple pour des non-techniciens » ou « Ajoute des approfondissements pour des experts ». L’IA adapte le ton et le niveau, réalisant la majeure partie du travail. On peut aussi adapter à des contextes culturels ou sectoriels (« Adapte ces exemples pour le secteur bancaire québécois »). Cette capacité à contextualiser rapidement améliore l’expérience apprenant. Générer du contenu personnalisé devient très simple.
Créer des retours personnalisés ou simuler un feedback :
L’IA peut générer des feedbacks personnalisés. « Analyse la réponse de l’apprenant X et rédige un feedback constructif ». L’IA peut corriger et commenter, offrant un « coach IA » instantané. L’apprenant progresse, le formateur gagne du temps. L’IA peut aussi simuler des situations : « Tu es un client mécontent… ». C’est un outil puissant pour s’entraîner aux entretiens ou négociations. Ces simulations, difficiles à organiser manuellement, deviennent accessibles. L’IA agit comme un co-équipier du formateur pour des retours sur mesure.
Automatiser certaines tâches pédagogiques sans déshumaniser :
L’objectif est d’assister le formateur, pas de le remplacer. L’IA peut automatiser des tâches répétitives (correction de QCM, comptes-rendus, mise en forme, veille) qui consommaient le temps des formateurs. Un prompt bien formulé permet de déléguer ces actions. Cette automatisation doit se faire en gardant l’humain au centre. « L’IA offre des ressources précieuses […] permettant aux formateurs de se concentrer sur la création de parcours […] enrichissants ». Le formateur investit son temps dans la créativité, l’interaction, le mentorat. Loin de déshumaniser, l’IA bien utilisée rehausse le rôle humain, agissant en coulisses pour laisser le formateur sur le devant de la scène.
Le prompt, une nouvelle littératie numérique.
Savoir dialoguer avec les IA devient une compétence de base, l’AI literacy. Le prompt engineering en est le cœur. Il fera bientôt partie des compétences numériques fondamentales. Les formateurs doivent donc acquérir cette compétence dès maintenant. Ne pas comprendre les prompts reviendrait à ne pas savoir écrire dans un monde numérique. Développer cette compétence, c’est enrichir son bagage professionnel d’une nouvelle langue essentielle.
Se réapproprier l’IA dans sa pratique métier.
Se former au prompt engineering, c’est reprendre le contrôle sur la technologie. En apprenant à dompter l’IA, le formateur l’intègre de manière réfléchie, la met à son service. C’est une démarche d’empowerment professionnel. Le formateur guide l’utilisation de l’IA selon ses valeurs : il peut exiger des activités interactives ou des sources vérifiables. Ainsi, l’IA est utilisée de manière pertinente et éthique, plutôt que de manière indiscriminée. Les formateurs deviennent acteurs de l’intégration de l’IA, façonnant ses usages pour le bénéfice des apprenants.
Invitation à expérimenter, partager, capitaliser.
Le meilleur moyen de comprendre est d’essayer. Expérimentez, de manière ludique et progressive. Commencez par un petit exercice : demandez à ChatGPT de créer un quiz à partir d’un de vos supports. Voyez le résultat, ajustez le prompt. Partagez vos expériences avec vos pairs. Capitalisez sur vos apprentissages : construisez votre bibliothèque de prompts, formalisez vos bonnes pratiques. Aujourd’hui certaines organisations créent déjà des guides internes.
Cultivez cette compétence sur la durée. L’IA évolue, mais en restant curieux et proactif, vous resterez à jour. L’objectif ultime est de mieux former. Le prompt engineering est un nouvel outil puissant dans votre mallette de formateur. En apprenant à l’utiliser, vous gagnez en pouvoir d’action et en sérénité. Lancez-vous : expérimentez, appropriez-vous l’IA, et faites-en un levier d’excellence pédagogique. L’aventure ne fait que commencer.